Beaucoup de fiches de postes illustrent le renouveau des compétences des RH : Directrice de la Conduite du Changement. Responsable Marque Employeur. Chargé de mission Développement des Talents. Chef de projet RSE & Diversité RH. Chief Happiness Officer.
Ces titres soulignent l’éloignement progressif des missions RH de l’intendance administrative, à laquelle elles ont longtemps été cantonnées. De la transformation digitale au développement durable, du bien-être au travail à l’acquisition de talents, les métiers RH jouent désormais un rôle clé dans toutes les grandes évolutions de l’entreprise.
Cette montée en compétences n’a pas été sans conséquences sur les métiers des RH, qui doivent aujourd’hui affronter leur propre transformation. Quels talents, quelles qualités, quelles compétences feront les meilleurs responsables RH de demain ? Que mettre dans la case « Compétences requises » des fiches de poste RH ?
Derrière cette question qui touche directement le recrutement, se pose celle d’une culture métier en construction.
Compétences RH : un plaidoyer pour les soft skills
Malgré leur image parfois floue et les préjugés leur collant encore à la peau, les RH sont un « vrai » métier. Un métier sérieux, même. Avec des tableurs Excel, des enjeux financiers, des obligations légales, des prises de décision stratégiques, et un impact déterminant pour le futur de l’entreprise.
Côté hard skill, les compétences RH requises s’adaptent aux exigences d’une multitude de postes. Tout bon Chargé de Ressources Humaines maîtrise, a minima, la langue anglaise, le Pack Microsoft Office, un ou plusieurs ATS (Applicant Tracking System), un logiciel de gestion de paie, et un autre de gestion des formations. Il maîtrise des notions avancées de droit social et de management des organisations. Lesdites compétences mettent tellement l’accent sur les hard skills, que certains s’inquiètent finalement qu’elles n’aient plus « d’humaines » que le nom.
Et c’est dommage, à plus d’un titre. Comme le dit l’adage, “Hard skills will get you the interview – but soft skills will get you the job.” On souligne notamment que :
- 9 recrutements ratés sur 10 échouent par incompatibilité culturelle entre le candidat et sa nouvelle équipe.
- Une enquête 2018 de l’IBET (Institut du Bien-Être au Travail) estime à 5 300 € par salarié et par an les coûts – pourtant compressibles – du désengagement au travail.
- Les tensions interpersonnelles et les conflits sociaux ont un impact immédiat sur la productivité d’une équipe.
La transformation digitale a introduit une culture de l’innovation et de la prise d’initiative au coeur du management. C’est d’autant plus vrai pour les métiers RH, qui l’ont introduite dans l’entreprise, et qui sont aujourd’hui en charge de l’expérience collaborateur et du management de talents. Pour aider les responsables RH à remplir leur mission, il est temps de prendre les soft skills au sérieux.
6 compétences RH qui doivent figurer sur les fiches de poste
Ironie du sort, les Chargés de Ressources Humaines sont les premiers à traiter les soft skills avec une certaine circonspection.
On peut facilement évaluer la maîtrise d’un ATS grâce à un test de recrutement, ou la connaissance du droit social par un diplôme. Mais comment savoir si un candidat possède vraiment « le sens de l’organisation » qu’il met en avant dans sa lettre de motivation ?
En construisant un questionnaire de recrutement data driven, tout simplement. Les ATS et leurs viviers de talents digitalisés ont beaucoup fait progresser l’objectivation des critères de recrutement. Les soft skills peuvent prendre toute leur place dans une stratégie de recrutement data driven appliquée aux missions RH.
1. Se positionner en Business Partner
Certes, la Direction des RH a toujours eu son siège réservé pour les réunions du Comité d’Administration. Mais ce n’est que suite à sa récente montée en compétences qu’elle s’est positionnée en véritable Business Partner de l’ensemble de la chaîne de management.
Cette nouvelle approche est transversale aux deux aspects de la gestion des talents :
- L’acquisition de talents exige une excellente compréhension des enjeux du terrain par les Responsables RH ; tant pour saisir les besoins des équipes opérationnelles, que pour leur répondre en attirant les meilleurs profils. Les nouvelles fonctions RH résolvent la dichotomie « siège vs terrain ». Elles cultivent leurs propres compétences RH, ainsi qu’une compréhension fine du secteur d’activité dans lequel elles opèrent.
- Ce positionnement à la croisée des préoccupations de la Direction et de celles des collaborateurs s’incarne dans le développement de talents. Les Responsables RH préparent le futur de l’entreprise en répondant à ses besoins stratégiques en ressources humaines. Et pour ce faire, ils deviennent aussi la voix des équipes opérationnelles auprès de la Direction. La DRH devient ainsi une articulation indispensable entre les collaborateurs et le management.
Compétences RH à cultiver : Capacité d’apprentissage, talent de négociation.
2. Développer une culture RH innovante
Alors même qu’ils se dévouent au développement harmonieux et à la transformation digitale du reste de l’entreprise, les Responsables RH restent souvent sous-équipés, et isolés de leurs pairs. Pour mieux prendre pied dans leur rôle de Business Partner, ils doivent rattraper leur retard sur les autres fonctions de l’entreprise. Il est temps pour les experts des ressources humaines de développer leur propre culture métier.
Concrètement, cette prise de conscience professionnelle signifie :
- Explorer l’innovation RH et sa valeur ajoutée pour l’entreprise. On pense notamment à la HR Tech, dont les ATS nouvelle génération peuvent libérer le potentiel créatif des Chargés de recrutement.
- Approfondir une maîtrise des sujets transverses dont s’emparent les RH : la transformation digitale, le développement durable, le marketing, la communication, le bien-être au travail…
- Être force de proposition au sein de l’entreprise, sur les sujets RH comme sur de nouveaux champs d’action.
- Élever le niveau de la conversation RH, en s’impliquant dans les débats qui animent le métier. Une prise de parole en public renforcera d’ailleurs la marque employeur.
Compétences RH à cultiver : Veille d’innovation technologique et professionnelle, networking, curiosité, prise d’initiative.
3. Conduire et accompagner le changement
Pas de transformation des métiers sans conduite du changement ! C’est la troisième compétence métier fondamentale des RH. En plus d’une compréhension fine de leur secteur d’activité et de leur propre expertise professionnelle, ils doivent maîtriser les enjeux et les techniques de la conduite du changement, grâce à laquelle l’entreprise se rapproche de sa vision stratégique.
Pourquoi ? Parce que le changement passe nécessairement par les ressources humaines. Même en l’absence d’un plan social ou d’une restructuration profonde de la force de travail, de grands chantiers comme l’évolution d’un business model, la transformation digitale, ou la RSE exigent :
- une compréhension fine des besoins métier et du ressenti des collaborateurs,
- et une capacité à vaincre les réticences au changement, en encourageant une culture d’entreprise souple ou en expliquant les évolutions à venir avec pédagogie.
Même si elle choisit de déléguer le plan de transformation à un cabinet de conseil, la Direction des RH devra maîtriser ces deux leviers pour guider l’action des consultants. Et en période de stabilité, elle peut préparer les équipes aux évolutions futures, en favorisant par exemple une organisation du travail souple, et une culture d’entreprise ouverte à l’innovation.
Compétences RH à cultiver : Conduite du changement, gestion de projet, audit, prise de recul, approche stratégique.
4. Renforcer l’esprit d’équipe et la culture d’entreprise
Les Chargés de mission RH ne se sont pas contentés de s’emparer de nouveaux sujets. Ils s’approprient aussi de nouveaux champs de compétences. Avec l’émergence de la marque employeur et d’un travail en profondeur sur les expériences candidat et collaborateur, les compétences RH se rapprochent désormais du marketing et de la communication.
Ces développements relativement récents ne sont pourtant pas si éloignés du coeur de métier des ressources humaines. La négociation – qu’elle soit sociale ou salariale – est ainsi une qualité bien ancrée dans les fiches de poste.C’est par la redéfinition de la relation candidat comme un échange égalitaire basé sur la confiance que l’approche métier des RH évolue vers de nouvelles compétences. À travers la nécessité de « vendre » l’entreprise aux candidats, les Responsables RH se retrouvent en position d’élaborer et de formaliser son identité, ses valeurs ; bref, sa marque employeur.
Celle-ci se décline naturellement en un travail d’approfondissement et de déploiement de la culture d’entreprise, à travers des activités aussi variées que le site Carrières ou les activités de teambuilding.
Compétences RH à cultiver : Storytelling, approche marketing, négociation, vente, relations interpersonnelles, esprit d’équipe.
5. Accompagner le développement des talents
Rien ne sert d’encourager une culture d’entreprise dynamique et créative, si l’on n’offre pas ou peu de moyens pour dynamiser leurs carrières aux collaborateurs. La relativisation des hiérarchies et le nouveau rôle des RH comme articulation entre le management et les équipes impliquent une attention particulière portée à l’accompagnement individuel des collaborateurs.
Il ne s’agit plus seulement ici d’identifier des besoins métiers. Les Responsables RH doivent acquérir une compréhension individuelle du profil de chacun de leurs collaborateurs. Grâce à un suivi régulier et à des politiques de montée en compétences, ils leur proposent des plans de carrière en phase avec leurs talents, leurs aspirations, les opportunités accessibles, et la vision stratégique de l’entreprise.
Compétences RH à cultiver : Écoute, empathie, analyse, solutions créatives.
6. Privilégier des prises de décision data driven
Nous l’avons vu : loin d’être incompatibles avec une évaluation rationnelle, les soft skills gagnent à être objectivés. Les nouveaux experts des ressources humaines cultivent les prises de décision data driven. Qu’il s’agisse de vision stratégique, de recrutement, ou de développement des talents, la capacité à reconnaître la supériorité d’une prise de décision data driven assure le succès des Responsables RH.
Compétences RH à cultiver : Approche data driven, évaluation objectivée, prise de décision argumentée, humilité, sang froid.
7. Connaître et respecter les textes juridiques
C'est peut-être l'une des bases du métier. Les Ressources Humaines sont régies par de nombreuses lois et règlements, et il est important de les connaître pour s'assurer qu'ils soient appliqués au sein de l'entreprise.
Discrimination, sécurité, droit du travail, RGPD pour le recrutement... Les sujets sont nombreux et il convient de les maîtriser pour que toutes les opérations se déroulent sans encombre !
Compétences RH à cultiver : rigueur, connaissances juridiques, transparence, éthique, sérieux.