Lorsque l'on évoque les tendances RH, comme le développement du télétravail, les difficultés de recrutement ou la "Grande Démission", le sujet du bien-être au travail fait souvent son apparition.
Alors que les médias révèlent l'impact croissant du travail sur la santé physique et mentale des salariés, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à vouloir agir pour améliorer le bien-être des collaborateurs.
Mais le concept de bien-être au travail est souvent flou et mal interprété. Contribuer au bien-être de ses salariés, c'est bien plus que proposer des afterworks ou une table de ping-pong dans la salle de pause.
Alors, qu'est-ce que le bien-être au travail ? En quoi est-ce différent du bonheur au travail ? Pourquoi parle-t-on autant de ce sujet ? Et comment mettre en place des mesures d'amélioration du bien-être au travail efficaces ?
C'est ce que nous allons voir, et bien plus, dans cet article.
Qu'est-ce que le bien-être au travail ?
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), le bien-être au travail est « un état d’esprit caractérisé par une harmonie satisfaisante entre d’un côté les aptitudes, les besoins et les aspirations du travailleur, et de l’autre les contraintes et les possibilités du milieu de travail ».
Le bien-être au travail couvre essentiellement quatre aspects de la vie des salariés :
- Le bien-être physique. Il est lié à la santé et à la sécurité, mais aussi aux conditions de travail : aménagement du bureau et des locaux, localisation et conditions d’accès au lieu de travail, organisation de l’emploi du temps, mise à disposition d’outils adaptés, etc.
- Le bien-être psychologique. Il découle largement de l’intérêt et de l’accessibilité des tâches à accomplir.
- Le bien-être émotionnel. Il recouvre autant la vie sociale entre collègues que le respect des valeurs – l’une des clés du sentiment d’accomplissement professionnel.
- Le bien-être financier. Il concerne la capacité à gérer ses finances personnelles en toute confiance.
On peut dire que le bien-être au travail est atteint lorsque le niveau de satisfaction est raisonnablement élevé dans chacun de ces quatre domaines.
Le concept du bien-être au travail est large et va au-delà des notions de santé physique et mentale. Il s'agit d'une perception personnelle et collective des situations et des contraintes de la sphère professionnelle.
L’entreprise peut mettre en place une stratégie pour contribuer au bien-être de ses collaborateurs, c’est ce que nous verrons un peu plus loin.
Le bien-être au travail est un critère de sélection pour de nombreux candidats à la recherche d’une opportunité professionnelle. La certification "Great Place to Work", qui identifie les entreprises mettent en place des mesures pour assurer le bien-être de leurs salariés, en est un bon indicateur.
La différence entre bien-être et bonheur au travail
Il y a souvent une confusion entre bien-être et bonheur au travail. Il faut dire que ces notions se ressemblent et s'entrecroisent.
Alors, quelle est la différence entre bien-être et bonheur au travail ?
Le bonheur au travail peut se définir par l'aspiration à atteindre un sentiment de complétude dans la sphère professionnelle. Cela passe par un métier et un poste gratifiants qui apportent du sens au travail. Il s'agit alors de trouver un moyen de se réaliser individuellement par l’activité professionnelle.
Le bien-être au travail correspond davantage au résultat d’un système mis en place et indépendant du contrôle des salariés.
Résumons : pour contribuer au bien-être au travail, l'entreprise doit instaurer un cadre spécifique, composé de mesures visant à améliorer la satisfaction. Elles reposent souvent sur la qualité de vie au travail. Le bonheur au travail, quant à lui, dépend entièrement de la subjectivité de chaque collaborateur.
Le bien-être au travail : un sujet de retour sur le devant de la scène
Après de longs mois d'incertitude liés à la pandémie, le marché du travail commence à retrouver son dynamisme.
Problème : de plus en plus de salariés quittent leur emploi !
Ce mouvement de démissions massives est porté par la "Great Resignation", dont le nom se traduit par "Grande Démission". Né aux Etats-Unis, il illustre la vague de démissions des salariés à partir du printemps 2021, en réponse à la crise sanitaire du Covid-19. Cette dernière a amené les salariés à repenser le déroulement de leur carrière, l'équilibre de leur travail avec leur vie personnelle et leur accès à de meilleures conditions de travail. En quittant leur emploi, les salariés expriment leur agacement face à des entreprises qui ne s'adaptent pas aux nouvelles attentes des professionnels.
Parmi les secteurs les plus touchés par la Grande démission, on retrouve l'hôtellerie, la restauration et le retail. Historiquement, ils ont face à des difficultés de recrutement notamment à cause des conditions et des horaires de travail parfois pénibles et exigeants. Pour garder la tête hors de l'eau, les entreprises vont devoir agir pour attirer les candidats, fidéliser les collaborateurs et renforcer leur engagement.
Le bien-être au travail en France
Une enquête de Welcome to the Jungle a révélé les critères qui contribuent au bien-être au travail :
- le salaire (90 %) ;
- l'équilibre vie professionnelle / vie personnelle (89 %) ;
- les missions et intérêts du poste (88 %) ;
- la charge de travail / les horaires (85 %) ;
- les relations entre collègues (82 %)
- les relations avec la hiérarchie (82 %) ;
- la localisation (81 %) ;
- le domaine d'activité (73 %) ;
- les perspectives d'évolution (71 %) ;
- les responsabilités associées au poste (69 %) ;
- la culture de l'entreprise (62 %).
L'année 2020 a marqué un tournant décisif dans les rythmes et les modes d'organisation du travail. Les mesures mises en place pour enrayer la propagation du virus ont accéléré la démocratisation de travail flexible, comme le télétravail. Mais le travail à distance a révélé ses facettes négatives, comme l'isolement, la perte de lien social ou encore, les journées de travail à rallonge.
Une raison supplémentaire pour encourager les entreprises à mettre en place une vraie stratégie d'amélioration du bien-être en entreprise.
Une étude de l'Ifop dévoile d'autres chiffres intéressants sur le bien-être au travail en France. Parmi les salariés interrogés, 62 % d'entre eux estiment que leur santé physique est bonne ou très bonne. Le chiffre est de 56 % en ce qui concerne la santé psychologique.
En termes de mesures pour améliorer le bien-être en entreprise, on retrouve :
Un programme d’ergonomie au travail, du type adaptation de poste de travail (62 %), un programme de bien-être physique type activité sportive ou bien-être (60 %) et un service de prévention type bilan de santé (59 %).
Des données intéressantes pour tout employeur qui souhaite investir dans le bien-être de ses salariés.
Le rôle de l'employeur dans le bien-être au travail
Mettre en place des mesures pour améliorer le bien-être au travail n'est pas juste un atout pour l'attraction et la fidélisation des talents, c'est aussi une obligation légale de l'employeur.
En droit français, c’est l’article L4121-1 du Code du travail qui fait référence en matière de bien-être en entreprise. Il l’évoque en complément de la santé et sécurité au travail (SST) :
“L’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs.
Ces mesures comprennent :
1° Des actions de prévention des risques professionnels, y compris ceux mentionnés à l’article L. 4161-1 ;
2° Des actions d’information et de formation ;
3° La mise en place d’une organisation et de moyens adaptés.
L’employeur veille à l’adaptation de ces mesures pour tenir compte du changement des circonstances et tendre à l’amélioration des situations existantes.”
D’un point de vue pratique, l’employeur a l’obligation d’adapter les mesures aux circonstances. C’est de cette exigence que découle, par exemple, le fameux droit à la déconnexion.
À noter : l’employeur a une obligation de moyens – mais pas de résultats. Créer des conditions de travail permettant à ses employés de s’épanouir dans leur environnement professionnel est propre à chaque organisation.
Faire un état des lieux du bien-être dans votre entreprise : 4 étapes clés
Avant de mettre en place une stratégie pour améliorer le bien-être des salariés, il faut réaliser une évaluation de la situation actuelle.
L'objectif est d'obtenir des informations précises sur ce qui fonctionne, ce qui ne fonctionne pas, et ce qui doit être amélioré dans votre organisation.
Voici quatre étapes à suivre pour évaluer le bien-être dans votre entreprise :
1. L'audit socioculturel de l'entreprise
Recueillez des informations sur les spécificités de travail dans votre entreprise. Cela peut comprendre la typologie des métiers, les us et coutumes, le style de management, les valeurs, les modes d'organisation du travail, etc.
Ensuite, faites un point sur votre reporting de pilotage RH et les mesures de bien-être au travail et de QVT déjà en place. Parmi les éléments à prendre en compte, on retrouve :
- Les principaux indicateurs RH : taux d’absentéisme, taux de turnover du personnel, taux d’engagement, nombre d'arrêts maladie, etc.
- Un contexte interne ou externe particulier à prendre en considération (réorganisation suite à un rachat, modifications législatives, etc.).
- Les relations de travail et le climat social.
- Les mesures de promotion de la diversité et de l'inclusion.
- Les actions autour de la santé et de la sécurité au travail.
- Le plan de développement des compétences et les opportunités d'évolution de carrière.
- La politique de rémunération et le partage de valeurs : prime de participation, d’intéressement, engagement participatif, etc.
- Les précédentes actions de bien-être au travail mises en place et leurs résultats.
Vous pouvez également vous aider du questionnaire SATIN. Il est conçu pour les PME et les grandes entreprises. Son objectif est de faciliter l'audit des facteurs de risques psycho-sociaux (RPS) présents dans l’environnement de travail.
2. La sollicitation des salariés
Encouragez les échanges autour du bien-être au travail. Comment vos collaborateurs se sentent-ils dans l'entreprise ? De quoi ont-ils besoin ? La réalisation d'un sondage anonyme, composé de questions ouvertes, peut être utile pour collecter des données pertinentes.
D'autre part, il est possible de faire intervenir des experts qui évaluent la situation à travers des entretiens individuels – une démarche plus adaptée aux entreprises de moins de 50 employés.
3. L'analyse des données
Une fois les données collectées, il faut les décortiquer, les analyser et les interpréter. Elles vont vous permettre d'établir un diagnostic de l'état de bien-être de vos collaborateurs à un instant T.
Ces informations vous serviront à prendre les meilleures décisions lors de l’étape suivante.
4. Le choix des mesures à mettre en place
L'heure est venue de décider d'un plan d'action. Au lieu de multiplier les mesures, priorisez-les. Il est préférable d’évaluer les premiers résultats à l’aide d’indicateurs de performance, puis de rajouter de nouvelles mesures progressivement.
Les mesures pour améliorer le bien-être au travail
Optimiser l'ergonomie de travail
Les troubles musculosquelettiques font partie des principales causes des arrêts maladie. Pour optimiser le bien-être physique de vos salariés, il est important de fournir un matériel adapté, mais aussi des conseils pour prévenir les risques.
Des ateliers et animations autour de l'ergonomie de travail sont utiles pour rappeler les bonnes postures de travail et l'utilisation du matériel existant. Des organismes externes peuvent également vous conseiller sur les équipements à utiliser. Station assis-debout, filtre anti lumière bleue, fauteur ergonomique ou encore, clavier ergonomique, des petits changements de matériel peuvent apporter beaucoup aux salariés.
Réimaginer les espaces de travail
L'environnement de travail influence le bien-être de vos salariés. Un environnement bruyant et mal éclairé peut avoir des conséquences néfastes sur la capacité de concentration, et plus globalement sur le niveau de stress.
Des couleurs lumineuses au mur, des plantes vertes ou encore, une salle de pause zen sont des petites choses qui contribuent à faire de vos bureaux un endroit agréable pour travailler.
Mais cela n'est pas suffisant pour agir sur le bien-être des collaborateurs. Les espaces décloisonnés sont idéaux pour faciliter la communication et le partage d'idées. Des petits espaces fermés sont nécessaires pour le travail d'équipe. Des panneaux acoustiques muraux ou mobiles sont indispensables pour réduire le bruit.
Il faut également penser à l’accessibilité des bureaux, en proposant des moyens de transport à prix réduits et/ou plus écologiques aux employés.
Respecter le droit à déconnexion
Entre les e-mails, les plateformes collaboratives, les visioconférences et les messageries instantanées, la surchauffe n'est pas loin ! Et quand on y ajoute le télétravail où tout est à portée de main, l'hyperconnexion peut être un vrai frein au bien-être de vos salariés.
Si la technologie et les outils digitaux facilitent la communication, il est important d'en faire bon usage.
Pour cela, vous pouvez encourager tous les collaborateurs (managers compris) à respecter le droit à la déconnexion en évitant l'envoi de communication en dehors des horaires de travail. Il peut être également intéressant de mettre en place des bonnes pratiques d'utilisation des outils TIC et de réaliser des ateliers de sensibilisation à la gestion des e-mails et à la pollution numérique.
L'objectif : retrouver une relation équilibrée avec les outils digitaux.
Proposer des feedbacks réguliers
Le manque de communication est une source importante de mal-être en entreprise. Il ne suffit que d'un malentendu ou d'une rumeur pour assombrir l'ambiance d'une équipe.
Ainsi, il est important de proposer un feedback collectif et individuel régulier. C'est l'occasion de célébrer les réussites et d'échanger sur des difficultés rencontrées. Une simple conversation peut avoir une influence positive sur le bien-être de vos collaborateurs !
Offrir un feedback constructif est un bon moyen pour reconnaître le travail de vos salariés.
Le groupe Bel utilise l'outil d'engagement des collaborateurs Bloom at Work pour débloquer la parole et piloter le climat social des équipes.
Offrir une rémunération juste
Comme nous l'avons vu un peu plus haut, la rémunération reste le critère numéro 1 du bien-être au travail. Pourtant, 65 % des actifs français sont stressés par leur situation financière.
Il faut alors veiller à proposer une rémunération juste qui vise à reconnaître le travail de vos collaborateurs.
Proposer de vrais avantages
La table de baby-foot et les soirées d'entreprise, c'est bien, mais ce n'est pas suffisant pour contribuer au bien-être des salariés.
En tant qu'employeur, vous devez offrir à vos collaborateurs des vrais avantages, qui vont faciliter leur quotidien et alléger leur charge mentale. Par exemple, vous pouvez proposer la livraison de déjeuners sains, la mise en place d'une crèche d'entreprise ou l'accès à une salle de gym à un tarif préférentiel.
Le département des Yvelines propose à ses collaborateurs l’accès à une conciergerie d'entreprise via la solution digitale Fidensio. Celle-ci offre toute une gamme de services (livraison de colis, paniers bio, garde d'enfants...), disponible sur ordinateur et smartphones, dans le but de faciliter le quotidien de ses collaborateurs et ainsi concilier vie professionnelle et privée.
Désigner un référent bien-être au travail
Mettre en place des mesures pour améliorer le bien-être au travail, c'est bien. Mais pour s'assurer de leur efficacité, il faut suivre leur bon déroulement.
Pour cela, il est judicieux de nommer un "référent bien-être au travail" qui sera un intermédiaire entre les collaborateurs et le service RH. Son rôle est de répondre aux interrogations des salariés, de collecter leurs commentaires et de faire remontrer toute information importante pour la stratégie de bien-être en entreprise.
C'est ce que propose e.Voyageurs SNCF. Chaque ambassadeur du programme “I Feel Good” est chargé de développer des actions sur un des 4 axes (solidarité & engagement, inclusion & diversité, convivialité & QVT, santé & bien-être) sur son secteur. Il a un rôle de relais de la démarche sur son périmètre pour faire circuler les informations et recueillir les attentes de chaque collaborateur.
Ne pas rester sur ses acquis
Déployer une stratégie de bien-être est un processus d’amélioration contenu.
Il faut régulièrement solliciter l’avis vos salariés à ce sujet. Quel est leur niveau de satisfaction ? Qu’est-ce qui pourrait être amélioré ? De nouveaux besoins ont-ils été décelés ?
Vous pouvez recueillir leurs avis via :
- Un questionnaire trimestriel sur le suivi des actions mises en place.
- Une boîte à idées, physique ou virtuelle.
- Des ateliers de sensibilisation autour du bien-être au travail.
- L’organisation de réunions QVT auprès des représentants du personnel.
Le bien-être au travail est une notion complexe. Si elle est en partie subjective, l'employeur doit mettre en place un cadre pour contribuer à la satisfaction sur le plan physique, psychologique, émotionnel et financier.
La réussite de votre politique de bien-être au travail réside dans votre capacité à répondre aux attentes de vos salariés - et futurs collaborateurs - à ce sujet.