Semaine de 4 jours : travailler moins pour travailler mieux ?

dernière mise à jour:
14/3/2025
14/3/2025
8
minutes à lire
Rédigé par
Justine Uribe
Diane Prevosteau
Tellent
Contributeur
Découvrez comment mettre en place la semaine de 4 jours dans votre entreprise
Table des matières

Face à l’évolution des attentes des salariés et aux défis du monde du travail, la semaine de 4 jours séduit de plus en plus. En effet, 75 % des Français actifs se disent favorables à sa mise en place (source : enquête YouGov pour HuffPost, avril 2023), même en conservant le même nombre d’heures de travail par semaine. Portée par des promesses de productivité accrue, de meilleure qualité de vie et d’attractivité renforcée pour les entreprises, cette organisation attire autant qu’elle questionne.

Mais est-elle vraiment adaptée à toutes les structures ? Quels sont ses réels avantages et inconvénients pour les employeurs comme pour les collaborateurs ? Et surtout, comment réussir à la mettre en œuvre efficacement ? Avec des exemples d’entreprises l’ayant mise en place avec succès et un tour d’horizon européen, vous aurez toutes les réponses à vos questions !

Semaine de 4 jours : définition et concepts clés

Que signifie la semaine de 4 jours ?  

La semaine de 4 jours consiste à réduire le temps de travail hebdomadaire total, généralement en passant de 35 heures à environ 32 heures. L’objectif est double : offrir aux collaborateurs une journée supplémentaire de repos tout en préservant leur bien-être et leur productivité. Cette approche implique souvent une réduction de salaire proportionnelle, mais certaines entreprises choisissent de maintenir la rémunération intacte pour maximiser l’engagement des salariés.

Semaine de 4 jours vs semaine en 4 jours

La semaine EN 4 jours consiste simplement à répartir les 35 heures sur quatre jours au lieu de cinq. Les collaborateurs travaillent donc des journées plus longues, mais bénéficient d’un jour de repos supplémentaire. Cette formule, bien qu’attractive, peut entraîner une fatigue accrue et nécessite une adaptation des plannings pour éviter les débordements.

C’est ce modèle que teste la fonction publique en France depuis mai 2024, sous l’impulsion du Premier ministre Gabriel Attal. Les agents publics continuent d’effectuer leurs 1 607 heures annuelles, mais sur moins de jours. Cependant, les journées allongées peuvent peser sur le bien-être et l’organisation du travail peut être compliquée. Pour s’adapter, certaines administrations explorent des formules hybrides, en combinant des semaines de 4 puis de 5 jours. Un premier bilan est attendu à l’été 2025.

Pourquoi parle-t-on autant de la semaine de 4 jours aujourd’hui ?

La semaine de quatre jours ne sort pas de nulle part : elle répond en réalité à un besoin de changement profondément ancré dans notre époque. Après la crise sanitaire, beaucoup ont remis en question le modèle classique du “9h-18h sur 5 jours”. La quête d’un équilibre entre vie pro et perso, le besoin de flexibilité, et l’envie de trouver plus de sens dans son travail sont désormais au cœur des attentes.

Cette tendance est particulièrement marquée chez les jeunes générations : 57 % d’entre eux jugent important ou très important de pouvoir concentrer leur travail sur 4 jours, tout en maintenant leur rémunération complète.

Pierre Larrouturou, Député européen et auteur du livre “32 h, la semaine de 4 jours c’est possible”, est un défenseur de longue date de cette mesure. Selon lui, “la semaine de 4 jours peut permettre de créer des centaines de milliers d’emplois tout en améliorant la qualité de vie des salariés et en répondant aux enjeux climatiques”.

Pourquoi adopter la semaine de 4 jours ?

Un levier pour transformer les méthodes de travail

La mise en place de la semaine de quatre jours ne se limite pas à offrir une journée de repos supplémentaire. Elle pousse les entreprises à revoir en profondeur leurs processus organisationnels et à privilégier une approche axée sur l’efficacité.

  • Optimisation des priorités : Avec moins de temps disponible, les équipes apprennent à se concentrer sur les tâches à forte valeur ajoutée et à réduire les activités chronophages. Cela conduit à une meilleure gestion du temps et à une productivité ciblée.
  • Promotion des outils digitaux : Pour maintenir le même niveau de performance en moins de jours, les entreprises adoptent des solutions numériques, telles qu’un logiciel RH, permettant d’automatiser certaines tâches et de fluidifier la communication interne.
  • Émergence d’une culture d’innovation : Réorganiser le travail autour d’une semaine plus courte stimule la créativité et pousse à explorer de nouveaux modèles de collaboration, comme les ateliers de sprint ou les points quotidiens pour assurer un suivi précis des projets.

Les défis que cela pose :

  • Le risque de surcharge de travail : La concentration des tâches sur 4 jours peut générer un sentiment d’urgence permanent pour certains employés, ce qui peut augmenter leur stress.
  • La nécessaire adaptation des outils : Investir dans des outils numériques adaptés pour maintenir la productivité peut représenter un coût important, notamment pour les PME.

Un impact positif sur l’image de l’entreprise

La semaine de 4 jours peut devenir un atout stratégique pour renforcer la réputation d’une organisation, tant en interne qu’en externe. C’est aussi un super coup de pouce pour améliorer la marque employeur

  • Un positionnement avant-gardiste : Proposer une organisation du travail innovante montre une capacité à anticiper les évolutions du marché, ce qui inspire confiance aux collaborateurs comme aux partenaires.
  • Renforcement de l’attractivité sur le marché de l’emploi : En se positionnant comme précurseur, l’entreprise attire des profils qualifiés qui privilégient des environnements modernes et respectueux de leur bien-être.
  • Fidélisation des talents existants : Offrir une semaine de 4 jours valorise directement les collaborateurs, renforçant leur attachement à l’organisation.

Les défis que cela pose :

  • L’équité interne : Les entreprises doivent veiller à ce que la nouvelle organisation soit perçue comme juste entre les équipes, notamment entre les métiers éligibles et ceux nécessitant une présence continue.
  • La période d’adaptation : Communiquer clairement les objectifs et accompagner le changement peut nécessiter un effort managérial supplémentaire qu’il faudra savoir anticiper.

Une opportunité pour contribuer aux enjeux sociétaux

Adopter la semaine de 4 jours, c’est aussi s’inscrire dans une démarche responsable et durable.

  • Réduction de l’empreinte carbone : Moins de déplacements domicile-travail signifient une baisse directe des émissions de CO2, un argument fort pour les entreprises engagées dans une politique RSE.
  • Soutien à l’économie locale : Avec plus de temps libre, les collaborateurs participent davantage à la vie locale, que ce soit pour leurs loisirs, leurs achats ou leurs engagements associatifs.
  • Renforcement du bien-être collectif : Une organisation plus respectueuse des rythmes de vie favorise des salariés plus épanouis et, par extension, des communautés plus équilibrées.

Les défis que cela pose :

  • L’impact environnemental indirect : Bien que les trajets domicile-travail soient réduits, l’augmentation des activités numériques pourrait compenser les gains écologiques.
  • La continuité de service : Dans les secteurs exigeant une présence constante, comme la santé ou le commerce, organiser des plannings adaptés peut compliquer la mise en œuvre.

Comment mettre en place la semaine de 4 jours dans votre entreprise ?

Étape 1 : Diagnostiquer les besoins et contraintes de votre organisation

Avant de se lancer, il est crucial d’évaluer la faisabilité de la semaine de 4 jours dans votre contexte spécifique. Chaque entreprise a ses particularités, et une transition réussie repose sur une analyse approfondie :

  • Cartographier les métiers et les équipes : identifiez les postes pour lesquels cette organisation peut s’appliquer sans nuire à la continuité des activités. 
  • Analyser les processus internes : Déterminez quelles tâches peuvent être automatisées ou rationalisées pour maximiser le temps disponible sur quatre jours.
  • Impliquer les collaborateurs : Utilisez des enquêtes ou des ateliers participatifs pour comprendre leurs attentes et évaluer les craintes éventuelles. Cela favorisera l’adhésion collective au projet.

Étape 2 : Tester avant de généraliser

La mise en place d’une phase pilote est une étape clé pour ajuster le modèle avant son déploiement à grande échelle.

  • Définir un périmètre restreint : Commencez par un service ou une équipe pour évaluer les impacts concrets sur la productivité et l’organisation.
  • Fixer une durée de test : Généralement, au début, une période de 3 à 6 mois permet de recueillir des données fiables.
  • Mesurer les résultats : Suivez des indicateurs RH comme la satisfaction des collaborateurs, la productivité ou encore le turnover pour évaluer les bénéfices et les ajustements nécessaires.

Étape 3 : Adapter les outils et process

Pour fonctionner efficacement sur quatre jours, les entreprises doivent optimiser leurs outils et méthodes tels que :

  • Digitaliser les tâches récurrentes : Utilisez des logiciels pour automatiser les processus administratifs ou répétitifs. 
  • Réorganiser les plannings : Répartissez les horaires de manière équilibrée pour éviter la surcharge de travail sur les quatre jours actifs. Cela est particulièrement pertinent pour les équipes en flux tendu.
  • Former les équipes à de nouvelles pratiques : Favorisez des méthodes de travail agiles, comme les réunions courtes et ciblées ou les outils collaboratifs, pour maximiser l’efficacité.

Étape 4 : Communiquer et accompagner le changement

La transition vers la semaine de 4 jours peut susciter des résistances. Une communication claire et un accompagnement personnalisé sont essentiels pour lever les freins.

  • Partager les objectifs du projet : Expliquez les bénéfices attendus, tant pour l’entreprise que pour les collaborateurs.
  • Mettre en place un soutien managérial : Formez les managers pour qu’ils soient en mesure d’accompagner leurs équipes dans cette transition.
  • Anticiper les ajustements : Préparez-vous à adapter le modèle en fonction des retours d’expérience et des besoins opérationnels spécifiques.

Étape 5 : Pérenniser le modèle

Une fois la phase pilote validée, il est temps de généraliser la semaine de 4 jours. Pour garantir son succès à long terme, il faudra :

  • Instaurer un suivi régulier : Continuez à analyser les résultats grâce à des indicateurs clés (productivité, engagement, satisfaction).
  • Favoriser une culture d’amélioration continue : Maintenez un dialogue ouvert avec les collaborateurs pour ajuster les pratiques en fonction de l’évolution des besoins.
  • Capitaliser sur les réussites : Communiquez sur les bénéfices observés pour renforcer l’adhésion interne et externe, notamment auprès des candidats potentiels.

La minute inspiration : Ces entreprises qui ont mis en place la semaine de 4 jours

La semaine de 4 jours peut paraître compliquée à organiser. Pour vous aider à envisager sa mise en œuvre, voici diverses entreprises qui l’ont instaurée avec succès.

Tech — LDLC, une mise en place réussie

Depuis 2021, LDLC, acteur incontournable du high-tech, a mis en place une semaine de 32 heures réparties sur 4 jours, sans réduction de salaire. Chaque collaborateur choisit son jour de repos, en concertation avec son équipe pour garantir la continuité des services.

  • Depuis la mise en place de cette organisation, l’absentéisme a diminué de 12 % et l’entreprise a constaté une augmentation de 25 % du nombre de candidatures spontanées. 

↗️ Ce qu’on peut retenir : offrir plus de flexibilité aux salariés, tout en encadrant cette transition par une communication claire, peut faire de la semaine de 4 jours un atout stratégique et humain.

Industrie — Yprema, un pionnier inspirant

Yprema, spécialisée dans le recyclage, a adopté la semaine de 4 jours dès 1997. Les collaborateurs, organisés en binômes et formés à la polyvalence, alternent leurs jours de repos pour assurer la continuité des activités.

  • En plus de fidéliser ses salariés, cette organisation a permis à l’entreprise de réduire son impact environnemental grâce à des trajets domicile-travail moins fréquents.

↗️ Ce qu’on peut retenir : dans des secteurs exigeants comme l’industrie, la clé du succès réside dans une organisation collective bien pensée, combinée à des équipes polyvalentes.

Distribution — Lidl, un test ambitieux et davantage de temps libre

Depuis septembre 2023, Lidl teste la semaine de 4 jours dans 18 supermarchés pour ses salariés à 30 heures. Les horaires d’ouverture restent inchangés, et les employés conservent leur salaire.

Selon Laetitia de Montgolfier, directrice RH chez Lidl France, les premiers retours montrent : 

  • une baisse de la fatigue grâce à moins de trajets, 
  • une diminution de l’absentéisme 
  • Et une attractivité renforcée avec plus de candidatures spontanées.

Lidl analysera ces résultats pour décider de l’avenir du dispositif.

↗️ Ce qu’on peut retenir : même dans un secteur exigeant, une planification adaptée peut faire de la semaine de 4 jours un avantage pour tous.

Conseil — Accenture et le choix de la flexibilité

Chez Accenture, les collaborateurs ont le choix entre des journées plus longues sur 4 jours ou un rythme allégé sur 5 jours. Ce système, totalement adaptable, vise à répondre aux besoins individuels tout en favorisant le bien-être.

  • Les salariés ayant choisi la semaine de 4 jours profitent d’un meilleur équilibre entre vie professionnelle et personnelle et se sentent plus impliqués. Pour la direction, cette initiative contribue à attirer des talents et à limiter le turnover.

↗️ Ce qu’on peut retenir : offrir des options adaptées aux préférences des salariés permet de répondre aux besoins individuels tout en augmentant l’engagement global.

La semaine de 4 jours chez nos voisins européens, ça donne quoi ?

En Europe, la semaine de 4 jours suscite des initiatives variées, reflétant des contextes économiques et culturels différents. Si certains pays voient cette organisation comme un levier pour améliorer le bien-être et la productivité, d’autres l’abordent avec plus de réserve.

Royaume-Uni : l’expérience qui a valeur de référence

Le Royaume-Uni a mené l’une des expérimentations les plus marquantes en matière de semaine de 4 jours. Entre juin et décembre 2022, plus de 60 entreprises ont participé à un projet ambitieux où les employés travaillaient 4 jours par semaine tout en conservant leur salaire à 100 %. 

Cette initiative a montré des résultats convaincants : 

  • des employés moins stressés, 
  • moins d’arrêts maladie, 
  • et des entreprises satisfaites, puisque 92 % d’entre elles ont décidé de poursuivre le modèle.

Le succès de cette expérimentation en fait une référence en Europe.

Espagne : un modèle en ajustement

En Espagne, le gouvernement a opté pour une approche plus prudente en lançant un programme de soutien destiné aux PME industrielles. 

Plutôt qu’une réduction immédiate à 32 heures, le dispositif propose une baisse progressive de 10 % du temps de travail hebdomadaire, financé par des subventions. Cette initiative vise à trouver un équilibre entre compétitivité et qualité de vie pour les salariés.

Grèce : le contre-exemple européen avec l’augmentation du temps de travail

Alors que ses voisins expérimentent des semaines plus courtes, la Grèce a choisi une trajectoire opposée. Le pays, encore marqué par une décennie de crise économique, a adopté une nouvelle loi en 2024. Celle-ci permet aux entreprises, notamment dans l’hôtellerie et l’industrie, d’instaurer une semaine de 6 jours avec des majorations salariales pour les journées supplémentaires.

Conclusion 

La semaine de 4 jours pousse à repenser notre rapport au travail et ce qu’il peut réellement apporter. Avec des salariés plus épanouis, des entreprises plus attractives, et même un impact positif sur l’environnement, elle s’inscrit dans une tendance née de la crise sanitaire : donner plus de sens à sa vie professionnelle.

Ce modèle, cependant, n’est pas universel et ne résoudra pas toutes les difficultés de recrutement. Chaque entreprise doit l’adapter à ses besoins et à ses équipes. Mais une chose est claire : ces initiatives ouvrent la voie à un travail plus humain, plus souple, et, on l’espère, plus équilibré.

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